Sommaire du journal N°32 - Avril/Mai 2000

Chers lecteurs,

Triste premier anniversaire que celui de la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc, le 24 mars. Après l'horreur, le mépris : le ministre des Transports, Jean-Claude Gayssot, vient dévoiler une plaque à la mémoire des 39 victimes mais il n'invite même pas les familles de ces victimes. Des familles meurtries chez qui la colère s'ajoute à la douleur. Il a fallu qu'elles aillent manifester devant l'Elysée pour que la ministre de la Justice nomme un magistrat supplémentaire à Bonneville de façon que Franck Guesdon, seul juge d'instruction actuellement dans ce petit parquet, puisse se consacrer entièrement au drame du tunnel.
Le procureur général de la cour d'appel n'a d'ailleurs rien fait pour favoriser la reconstitution de l'incendie du camion qui vient d'avoir lieu le 29 mars. Reconstitution à laquelle la société italienne de l'autoroute s'est opposée, pendant plus de six mois, avant de céder finalement devant l'obstination du juge, à qui il faudra beaucoup de volonté et de courage pour mener l'enquête à son terme.
On touche, en effet, à la responsabilité même de l'Etat et de ses gouvernements successifs qui ont, pendant des années, placé à la tête de l'ATMB des serviteurs politiquement zélés et grassement rémunérés qui ne se sont jamais préoccupés sérieusement de la sécurité des usagers. On touche aussi au corps tout-puissant des Ponts et Chaussées dont la réputation d'experts omniscients risque d'être mise à mal. Sans parler des compagnies d'assurances promptes à recueillir des primes mais rechignant toujours à payer.
Et puis, l'Etat veut à tout prix rétablir la circulation des poids lourds dans le tunnel et le plus vite possible, alors qu'on sait que la sécurité ne sera jamais totalement assurée si on ne construit pas une voie d'évacuation parallèle.