Sommaire du journal N°30 - Décembre/Janvier 1999

Chers lecteurs,

«Cela fait 30 ans que j'habite ici et je ne suis toujours pas intégrée ! "Ils" sont durs...», me confie l'autre jour une lectrice au téléphone. Combien de fois n'avons-nous entendu de tels propos, accompagnés de commentaires désabusés des propriétaires de résidences secondaires : «Pour "eux", nous ne sommes que des vaches à lait...». "Eux", "Ils", ce sont bien entendu les Hauts-Savoyards, qui ont bien du mal à accepter les "étrangers", malgré une tradition touristique de plus d'un siècle. La concurrence savoyarde et étrangère aidant, ils sont bien obligés de prendre conscience aujourd'hui, comme le constataient déjà, il y a trois ans, les élus chamoniards, que «l'offre touristique globale n'est pas à la hauteur de ce qu'attend le touriste». Nous écrivions alors (JdP n° 10) : «Une réunion de concertation avec les socioprofessionnels avait été organisée par la municipalité [de Chamonix], le 5 juin [1996], pour tenter de remédier à ce fâcheux constat : elle a dû être annulée faute de participants... Il y a encore du pain sur la planche !»

Comprenant que la solution ne pouvait venir d'eux-mêmes, les Chamoniards ont eu l'intelligence de faire appel à des gens de l'extérieur. C'est ainsi que le professeur Bernard Debarbieux, directeur du Laboratoire des montagnes alpines, mène une étude sur la politique touristique de Chamonix dont les conclusions devraient être utiles à toutes les stations du pays du Mont-Blanc. L'universitaire, présentant le premier volet de son analyse, lors des "Sommets du tourisme", il y a quelques jours à Chamonix, a souligné que «les Chamoniards ont prouvé leur maturité en acceptant une critique étrangère». Celle-ci semble, a priori, sans concession. Nous en publierons les résultats dans un prochain numéro. Restera à voir ensuite les leçons que les élus en tireront.