Pays du mont Blanc - N°95 - Octobre/Novembre 2010

Walter Bonatti, fils du mont Blanc

Le célèbre alpiniste italien, âgé de 80 ans, a été sacré premier citoyen d’honneur du massif, son «jardin», dans lequel il a écrit quelques-unes des plus belles pages de l’histoire de la montagne.

mb95-7a.jpgA personnage exceptionnel, titre exceptionnel. Walter Bonatti est ainsi devenu cet été le «premier citoyen d’honneur du Mont-Blanc». Une distinction unique qu’ont conjointement souhaité lui conférer les municipalités de Chamonix et de Courmayeur, eu égard à la carrière exceptionnelle de ce «petit» bonhomme de conviction qui reste, aujourd’hui encore, une référence absolue dans le milieu de la verticalité.
«Le choix de Walter Bonatti est emblématique, souligne Eric Fournier, le premier élu chamoniard. Ses exploits ont marqué le massif dans nombre de sommets qui nous avoisinent. Mais il a aussi su transmettre une série de valeurs essentielles, comme le respect, l’humanisme. Il incarne parfaitement ce lien indéfectible entre l’homme et la nature. Il est le trait d’union idéal pour symboliser cette première citoyenneté du Mont-Blanc, à travers la montagne qu’il a su découvrir et conquérir mais qu’il sait aussi respecter.»
Autant de raisons qui ont valu à Walter Bonatti ce sacre «unique» assorti d’un cadeau tout aussi singulier : un quartz fumé, dégotté dans un des lieux de prédilection du grand Walter : les Drus, qu’il a gravies en solitaire – «pour aller inexorablement de l’avant, se retrouver face à soi-même et faire corps avec la montagne» –laissant son empreinte sur un pilier aujourd’hui effacé (il a été emporté, lors du gigantesque éboulement de 1997).

Un rapport fusionnel avec les Drus

Au moment de recevoir un petit bout de «sa» montagne, tout là-haut, sur la terrasse de la pointe Helbronner, le «funambule des Drus» ne cachait d’ailleurs pas son émotion. «Le rapport fusionnel que j’ai toujours entretenu avec cette paroi mythique s’est aujourd’hui matérialisé, grâce à ce cristal qui ne me quittera plus. Je vais l’installer à la droite de mon bureau et il m’accompagnera jusqu’à la fin de mes jours», indique-t-il.
A 80 ans (il est né le 22 juin 1930), voilà maintenant belle lurette que l’alpiniste a rangé cordes, piolets et crampons pour attaquer d’autres vies tout aussi passionnantes, avec en fils conducteurs l’écriture et la photographie. Mais si la page montagnarde «physique» est tournée, celle des émotions est, elle, toujours à la Une. Des émotions intactes, puissantes, surtout quand vous vous retrouvez à deux doigts de toutes ces voies que vous avez foulées autrefois : le Grand Capucin, la Walker, le pilier central du Freney, le Grand Pilier d’Angle, etc. «On éprouve toujours une certaine nostalgie des choses que l’on a aimées, reconnaît Walter Bonatti. Et quand je regarde toutes ces parois, je me retrouve forcément là-haut, sur l’éperon, sur le glacier, sur l’arête où j’ai connu des émois intenses : la joie mais également la peur, la terreur aussi.»

«Le mont Blanc est notre montagne sacrée, à nous Européens»

«Quand on voit des gens comme lui arriver à cet âge, en ayant engagé leur vie d’une manière aussi incroyable, c’est extraordinaire, s’enthousiasme Xavier Chappaz, guide et ancien président de la compagnie chamoniarde. Walter Bonatti a accompli en très peu de temps des premières fabuleuses, surtout en hivernale. Puis il est passé, avec autant de réussite, à d’autres choses. Ce qui prouve sa force de caractère. Et de le voir dans une telle forme, à 80 ans, cela fait chaud au cœur.»
D’autant que le personnage n’a rien perdu de son engagement premier, qu’il a simplement transposé sur le flanc de la défense environnementale. «Protéger le Mont-Blanc, ce n’est pas seulement protéger la nature. C’est aussi  protéger le passé, les gens. C’est vital ! Pour nous Européens, le mont Blanc est la montagne sacrée. Il n’en existe pas qu’en Himalaya... Donc, ce serait effectivement pas mal que l’Unesco se décide, enfin, à se pencher sur le cas “Mont-Blanc”.»
Un massif et des sommets avec lesquels notre citoyen d’honneur entretient forcément des liens privilégiés, quasiment d’ordre filial. «Le mont Blanc, c’est mon père ! Je le considère comme un géniteur. Très souvent, je me suis tourné vers lui, pour lui parler. C’est une montagne qui peut être extrêmement sévère, mais comme vous le voyez je suis toujours vivant et intact, même si j’y ai connu des événements pénibles. Cette espèce de jeu qui s’est noué entre nous m’a permis de mieux me connaître et d’avancer dans l’existence. Et pour tout cela, je lui dis : “Merci mont Blanc !”»
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