Sortez masqués !

Personne n’a oublié le « Sortez couvert ! », qui a prévalu durant les années sida (et qui reste d’ailleurs de mise). Et il y a fort à penser qu’il nous faudra désormais vivre avec le « Sortez masqué », du moins tant qu’un vaccin ou un remède efficace n’aura pas été trouvé pour terrasser la Covid-19. Alors que l’approvisionnement en masques a été problématique pendant plus de deux mois, les initiatives solidaires se sont multipliées dans toutes les communes, les petites mains se mettant au travail aux quatre coins du Pays du Mont-Blanc, de manière isolée ou en réseau, à l’instar des « couturières masquées », qui ont opéré de Chamonix à Sallanches. Objectif : fournir un masque à chaque habitant. Les municipalités sont ainsi parties à la recherche de ces fameuses « barrières » en tissu, lançant des appels d’offres pour une fabrication massive. Pour les commandes publiques de la mairie de Chamonix-Mont-Blanc (via la Communauté de communes de la vallée de Chamonix), c’est une entreprise houcharde, qui a remporté la mise : AdrenalinBase. Laure Peters, qui en est la cogérante (aux côtés de Jean-Noël Itzstein), nous explique cette « aventure » inédite.

JdP – La fabrication de masques sanitaires n’est pas vraiment votre registre de prédilection …

Laure Peters – Effectivement. Notre spécialité depuis 1998 est la création de harnais et de parachutes de base-jump ! Lorsque la crise du Covid-19 a éclaté, nos commandes habituelles ont été mises en stand-by. Nous aurions donc dû interrompre notre activité mais elle a finalement rebondi sous une autre forme et c’est tombé à point nommé.

Comment vous êtes-vous lancés dans cette opération sanitaire ?

Nous avons répondu à l’appel d’offres lancé par Chamonix et la Communauté de communes Vallée de Chamonix Mont-Blanc. Avec en point de mire la fabrication de 8 500 masques, dont 3 000 dédiés pour la vallée de Chamonix et 5 500 pour le Pays du Mont-Blanc et la vallée de l’Arve. Du 21 avril au 13 mai, nous avons été à pied d’œuvre (trois couturières et les deux co-gérants) dans nos ateliers du Pont-Pélissier, pour sortir en moyenne 600 masques par jour.

Quel est le profil des masques fabriqués ? 

Il s’agit de masques barrière Afnor spec S76-001 à plis, lavables, blancs, composés de 3 couches de tissus (couche externe et interne : polyester-coton 120 gr/m² +/ 5 % - Oeko-Tex Class II ; filtrage intérieur : non tissé polypropylène 70 gr/m² - Oeko-Tex). Nous nous sommes fournis auprès de TA France (tissus) et STN (élastiques) pour les matières premières.

Dans quelle catégorie sont-ils classés ? 

Nous avons choisi des tissus aux propriétés et grammage quasiment identiques à un des assemblages listés en catégorie 1 [NDLR : il existe plusieurs classements en fonction du filtrage et du nombre de lavages]. Nous avons envoyé des échantillons à l’Institut français du textile (IFTH), qui se charge de les préparer (lavage) et ensuite de les transmettre aux laboratoires pour effectuer les tests et déterminer la catégorie. Mais au vu de l’énorme demande – chacun envoyant son propre assemblage –, nous n’avons aucune visibilité et aucun délai pour avoir les résultats. De ce fait, nous n’avons indiqué aucune catégorie pour le moment.

Quels ont été les principaux destinataires de vos masques ?

Les Communautés de communes de Chamonix et Pays du Mont-Blanc, les mairies de Praz-sur-Arly, Les Contamines-Montjoie, Domancy, Combloux, La Côte-d’Arbroz, Magland mais aussi des institutions comme l’ENSA ou encore, des entreprises (JFB Peinture, McFly, etc.).

Quid de l’avenir ?

Nous espérons que notre activité habituelle va pouvoir repartir, ce qui n’est pas évident, au vu du contexte actuel…

AdrenalinBase est installé dans la zone artisanale du Pont-Pélissier aux Houches. 

Contact : adrenalin@adrenalinbase.com