PLU : la colère gronde
Très attendue, l’enquête publique sur le PLU (organisée du 30 juillet au 31 août) a engendré son lot de colères et de désillusions. Parmi les mécontents – ils sont plusieurs centaines à avoir noirci le registre de la commissaire-enquêtrice Monique Aumaître –, les agriculteurs mégevans. Une soixantaine d’entre eux sont montés au créneau pour dénoncer le manque de considération de la municipalité à leur égard. Et de stigmatiser un problème d’enclavement de plus en plus aigu, qui condamne à terme les exploitations et remet donc en cause l’entretien même de la montagne. Une amertume que la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles a exprimée. «Une analyse sensée de ce projet de PLU montre les impacts négatifs graves qu’il aurait en l’état sur l’avenir de la commune, déclare la FDSEA 74. Megève demeure une commune emblématique de la Haute-Savoie. Son agriculture joue un rôle essentiel pour le cadre de vie et le tourisme. Les décideurs d’aujourd’hui ne peuvent sacrifier l’intérêt des générations futures.»
Une analyse à laquelle adhère Arnaud Grémont, le président de Megève Demain. L’association, qui regroupe quelque 200 membres actifs (et tout autant de sympathisants), a voulu s’impliquer corps et âme dans ce projet d’urbanisme, multipliant les appels du pied à la mairie, rédigeant moult propositions, participant à de nombreuses réunions. Pour, au final, avoir l’impression que tous ces efforts n’ont servi à rien. «C’est une concertation factice. Nous avons gentiment été écoutés mais en rien entendus», regrette Arnaud Grémont. Megève Demain, dont les membres se sont entretenus avec la commissaire-enquêtrice, a rédigé un courrier dans lequel elle rappelle, dans le détail, toutes les propositions mais aussi l’essentiel de ses critiques. «Sur le fond, nous déplorons que la municipalité n’ait fait aucun cas des commentaires, critiques et propositions des associations», souligne Arnaud Grémont, qui pointe la quasi-absence de publicité faite autour de cette enquête publique et le total immobilisme du site internet de la mairie. «Rien n’a été mis à jour depuis novembre 2005. Pour une commune, dont 95% des habitants ne résident pas à l’année sur place, le lien internet est très utile. Pour moi c’est de la désinformation pure et j’ai d’ailleurs fait dresser un constat d’huissier.»
Sur le fond du problème, la colère du président de Megève Demain grimpe encore d’un cran. «Tout est fait pour la voiture, pour la route [sur 33 opérations prévues, 23 sont consacrées à des constructions ou des élargissements de routes, NDLR]. Il y a un manque total d’attention réservée aux piétons [1 page seulement sur les 224 du rapport de présentation, NDLR]. L’environnement est sacrifié au nom d’objectifs économiques à court terme. C’est scandaleux.» Pour l’association, la mairie s’en est tenue intentionnellement à un «toilettage» du POS, sans stratégie aucune pour l’avenir et en faisant totalement l’impasse sur les conséquences du dérèglement climatique. «Nous réclamions plus de nature et moins de voitures. Mais avec ce PLU, c’est tout le contraire, conclut Arnaud Grémont, qui attend avec impatience le rapport de Mme Aumaître. J’ai moi-même reçu plusieurs centaines de lettres de gens mécontents. Idem pour la commissaire-enquêtrice. J’espère qu’elle en tiendra compte et que, surtout, la mairie saura réagir en conséquence.»