Randonnée - N°75 - Juin/Juillet 2007

Le Mont-Blanc : sept vallées, sept jours pour les découvrir

Sept vallées, sept sujets inépuisables de balades et de randonnées en montagne. Et si vous n’aviez que 7 jours pour les découvrir ? Carnet de route, sur les traces de Roger Frison-Roche, par les plus belles routes de montagne et les plus beaux sentiers balcons.

Par un de nos abonnés, Jean-Pierre Doiteau.

 

MB75-8a.jpg1er jour – La vallée de l’Arve

Chamonix, rive droite de l’Arve. Monter par la télécabine du Brévent, s’arrêter à la station intermédiaire de Planpraz pour aller arpenter un large balcon horizontal, au pied des aiguilles Rouges. Et redescendre par le téléphérique de la Flégère. Ce sublime belvédère fait face à une succession ininterrompue de sommets : mont Blanc (4 810 m), mont Maudit (4 466 m), Mont-Blanc du Tacul (4 248 m), col du Midi, aiguille du Midi, puis toute la série des aiguilles de Chamonix, la trouée de la Mer de Glace, la mythique face SO des Drus, les aiguilles Verte (4 122 m), d’Argentière, du Chardonnet et du Tour.

Chamonix, rive gauche. Prendre le train du Montenvers. Puis la gare d’arrivée, par un bon sentier balcon passant par le Signal Forbes (panorama superbe), pour atteindre en deux heures et demie le Plan de l’Aiguille et redescendre ensuite dans la vallée par le premier tronçon du téléphérique de l’aiguille du Midi. Décor de haute montagne. Vues superbes sur la Mer de Glace, l’impressionnante face S.O. des Drus, les glaciers suspendus des Nantillons et de l’envers de Blaitière, la face Nord de l’aiguille du Midi, etc. Au printemps et à l’automne, ce sentier est souvent enneigé, il est recommandé de prendre de bonnes chaussures et des bâtons.

 

2e jour – Le val Montjoie

Depuis les Contamines, ce val est une succession de hameaux aux vieilles fermes charmantes. Le fond ensoleillé de la vallée recèle un petit trésor : la chapelle baroque Notre-Dame-de-la-Gorge (xviie s.). Le pied du col du Bonhomme est aussi un passage obligé du Tour du Mont-Blanc. Mais, pour le coup d’œil, rien de mieux qu’un petit tour sur la route surplombante de Saint-Nicolas-de-Véroce. De là-haut, on domine le val Montjoie, avec une vue proche et saisissante sur le Mont-Blanc. Aux jumelles, on découvre le Nid d’Aigle, arrivée du Train du Mont-Blanc, le refuge de Tête Rousse, puis le refuge du Goûter, et l’arête des Bosses avec parfois sur la trace de montée, de minuscules points noirs : les alpinistes qui redescendent du sommet. A droite, l’aiguille de Bionnassay (4 050 m), les éclatants dômes de Miage (3 672 m), puis les aiguilles de la Bérangère, de Trélatête et des Glaciers. Ici s’affiche un nouveau point de vue, moins connu, mais tout aussi intense.

 

3e jour – La vallée du Trient depuis le col de la Forclaz

Départ de bon matin de Chamonix, passer par le col de la Forclaz, afin d’arriver vers neuf heures à la Fondation Gianadda à Martigny (Suisse) (+41 27 722 39 78 , www.gianadda.ch, e-mail : info@gianadda.ch). Et visiter tranquillement l’exposition du moment avant l’arrivée massive des touristes. Cet été, «Marc Chagall, Entre ciel et terre», du 6 juillet au 19 novembre de 9h à 19h.Ne manquez pas d’aller faire un petit tour dans le grand parc de la fondation au milieu de très belles sculptures du xxe s. – Arman, Arp, Moore, César, Calder, Dubuffet, Egel, Ernst, Niki de Saint-Phalle. Les pentes abruptes des vignobles du Valais, nous dominent. Ensuite remonter au col de la Forclaz. Au col, prendre le chemin qui part derrière la boutique de souvenirs. Et par un bon sentier ombragé, plat, à flanc de montagne et particulièrement bien entretenu (qualité suisse), s’élever peu à peu jusqu’au pied du glacier de Trient. Très spectaculaire et crevassée, la langue glaciaire se cache au fond d’une vallée encaissée en contrebas. C’est un magnifique chaos de séracs et de crevasses, aux reflets bleutés très photogéniques. Sur la route du retour, dîner à la ferme-auberge des Trois Ours à Vallorcine (04 50 54 63 06). A travers une vitre vous verrez les vaches à l’étable. Amusant ! Et si c’était complet, allez au buffet de la gare du Buet (L’Arrêt Bougnette 04 50 54 63 04) désuet et rétro, mais jeune et tonique.

 

4e jour – La Fouly, Champex et le Val Ferret suisse

Un autre jour, aller jusqu’à Martigny, monter sur Orcières, puis la Fouly et Ferret. Bien que très encaissé et bordé de hautes parois verticales, le val Ferret suisse est habité en permanence d’Orcières à Ferret. La Fouly est le dernier village. Il se trouve à 1 600 m d’altitude. Les amoureux de solitude apprécieront ces lieux sévères, les alpinistes aussi. Au fond du val, les cols Ferret barrent l’horizon. Depuis l’alpage des Ars, la montée au grand col Ferret est une vraie belle randonnée de 2h30 . Le décor de hautes montagnes mérite d’être mieux connu. Dominant la Fouly, le mont Dolent (3 823 m), parfois masqué par ses contreforts, est le seul point commun entre la Suisse, l’Italie et la France. Déjeuner au café de la Fouly (+41 27 783 11 84 ) ou au restaurant du Dolent (+41 27 783 11 76). En repassant par Orcières, ne manquez pas le détour par le ravissant lac de Champex. Déjeuner sur la terrasse les pieds dans l’eau, dans l’un des charmants chalets suisses qui le bordent, est un vrai plaisir alpestre. A l’est, on aperçoit la cime du Grand Combin (4 314 m).

 

5e et 6e jour – Courmayeur, le val Veni et le val Ferret italien

Aussitôt passé le tunnel du Mont-Blanc, prenez la petite route à gauche qui traverse Entrèves, petit village de charme au pied de la chaîne. Arrivé à Courmayeur, montez au téléphérique qui part du centre de la ville pour Plan Chercrouit. Là, un point de vue grandiose sur toute la chaîne vous attend. Mais ne croyez pas y voir le sommet du mont Blanc, c’est l’aiguille Noire de Peuterey qui s’impose dans le paysage, une sorte de pendant italien des Drus. Ici, à 1 900 m, c’est l’altitude idéale pour avoir le recul nécessaire et apprécier la verticalité et la hardiesse inégalée de cette montagne. L’hiver le ski y est somptueux ! Après une balade sur le plateau, déjeunez dans l’un des restaurants d’altitude. Allez dormir à l’Auberge de la Maison à Entrèves, où passèrent tant de VIP et de têtes couronnées. Tél. +39 01.65.86.98.11 - E-mail : info aubergemaison.it - www.aubergemaison.it. Dînez chez Filippo, juste en face, mais il est prudent de réserver. A défaut, vous apprécierez aussi le Cadran Solaire à Courmayeur, c’est tout aussi bien et c’est le même propriétaire, Léo Garin. Ou bien encore, si vous êtes courageux, n’hésitez pas à monter au refuge Bertone en 2 heures de montée facile (+39.0165.844.612 - www.rifugiobertone.com - rifugiobertone@netvallee.it) et à demander à coucher dans un des mazots annexes, très coquets. Renzoni Cosson, le gardien, est un montagnard et photographe de talent. Le lendemain matin, parcourant la crête horizontale des monts de Saxe à une altitude moyenne de 2 300 m, où s’ébattent quelques chevaux sauvages, vous aurez une vue rare sur l’envers de la chaîne du Mont-Blanc, les chaos de séracs du glacier de Thoule, l’élégance de la Dent du Géant (4 013 m), et la masse imposante des Grandes Jorasses (4 201 m). En un mot, vous vous laisserez impressionner par le gigantisme de la montagne. Tout en bas, le val Ferret italien n’est qu’une vallée d’alpage et d’estive, ses hameaux – Planpincieux, Lavachey, Arnuva – sont inhabités l’hiver et la petite route de montagne, avalancheuse, n’est ouverte que jusqu’au site de ski de fond. En fin d’après-midi, de nouveau dans la vallée d’Aoste, ne manquez pas d’aller faire un tour aux thermes de Pré-Saint-Didier. Au xixe s. et au début du xxe s., les thermes étaient un des principaux attraits de la vallée, accueillant des personnages célèbres. Une source naturelle chaude, connue déjà à l’époque romaine, revitalisante pour la peau et la circulation du sang, jaillit d’une grotte dans la montagne et alimente un véritable parcours de bien-être. Bassins couverts à hydro-massages et jets d’eau, bassins en plein air avec des jets variés d’hydro-massages, saunas, salles de relaxation chromatique, vaste pelouse... Moment magique, quand le soleil disparaît derrière les Grandes Jorasses et que s’allument les torches au bord de l’eau ! (Terme di Pré-Saint-Didier tél. 00 39 0165 86 72 72 . E-mail : info@termedipre.it - www.termedipre.it). De retour à Courmayeur, allez flâner parmi les beaux chalets de pierre aux toits de lauzes et dans les rues piétonnes aux boutiques élégantes, tout en dégustant, comme les Italiens, une énorme gelati aux couleurs pastel.

 

MB76-11c.jpg7e jour – Les Chapieux et la vallée des Glaciers

Vous allez vous rendre dans la vallée la plus reculée et la plus rustique de tout le massif. Mais, pour y aller, c’est toute une affaire ! Départ de Courmayeur, Pré-Saint-Didier, La Thuile, le col du Petit Saint-Bernard, Bourg-Saint-Maurice, les Chapieux et Ville-les-Glaciers. Sur place, vous serez frappé par la beauté de l’aiguille des Glaciers. Après quelques minutes de marche le long du torrent des Glaciers, le chemin bute sur les premières pentes du col de la Seigne (2 516 m), antique passage avec l’Italie (2h30 de montée facile). De l’autre côté, c’est le val Veni, austère, tout en parois gigantesques, coulées colossales et amoncellements de rochers. Vous effecturez le retour à Chamonix par le Cormet et le barrage de Roselend, le gros bourg de Beaufort, le vieux village de Hauteluce, le col des Saisies, Flumet et le Val-d’Arly. Cette traversée bucolique des alpages verdoyants du Beaufortain où subsistent encore de grands et beaux chalets anciens, a un réel charme. Ne manquez pas le petit détour par Hauteluce, authentique village préservé, et l’église classée Saint-Jacques-d’Assyrie du xvie s. Pour déjeuner, deux adresses : l’Auberge d’Hauteluce (04 79 38 81 67), au centre du village, cachée dans une ruelle en contrebas de l’église, mais avec terrasse sur la vallée. Ou à La ferme du Chozal pour un repas de qualité sur la terrasse ensoleillée, face au mont Blanc. Une adresse rare à découvrir aussi bien l’été que l’hiver. (www.lafermeduchozal.com. E-mail : informations@lafermeduchozal.com).

 

Photos : Jean-Pierre Doiteau


 

Unis par une même montagne et par une même langue

 

Tout au long de ces 7 jours, très montagne, vous aurez vu des panoramas superbes, approché des glaciers de près, côtoyé une demi-douzaine de 4 000 m, traversé des décors hors du commun, flâné dans des hameaux préservés. Dans trois pays d’Europe, vous n’aurez parlé qu’une seule langue, le français. Ce qui devient de plus en plus rare, il faut bien le reconnaître ! Et rencontré des Valaisans, des Valdôtains et des Savoyards unis par la même mythique montagne, le Mont-Blanc !

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