Sommaire du journal N°22 - Août/Septembre 1998

Chers lecteurs,

Nous avions consacré, il y a trois ans, plusieurs articles au grand architecte Henri-Jacques Le Même, qui est mort l'an dernier, à Megève, dans sa centième année. C'est lui qui a créé le style mègevan en construisant plus de 200 chalets dans le Pays du mont Blanc, en commençant par celui de "Mimi" de Rothschild, en 1928, pour finir par "Le Talisman", à Rochebrune, pour Marcel Dassault. A Combloux, il en avait construit trois. Il en restait un, intact. Mais le nouveau propriétaire, un Américain, veut le détruire car il souhaite, paraît-il, des pièces plus grandes. Le chalet s'appelle "L'herbe tendre" et Le Même l'avait construit en concertation avec Elise Guieu, qui le lui avait commandé dans les années 1950. On sait que Le Même, dont le chalet personnel à Megève est classé monument historique, avait conçu des chalets "pour skieurs", avec de grands séjours et des petites chambres. Ce qui explique sans doute cela. Bref ! Le conservateur régional des monuments historiques est intervenu auprès du maire de Combloux pour lui demander de ne pas accorder de permis de démolir pour ce chalet «élément à part entière du patrimoine de votre commune». Le maire a consulté l'architecte des bâtiments de France qui, «suite à une inspection sur place et à la confrontation des documents d'origine avec la monographie sur l'architecte J.H. Le Même» (comprenne qui pourra), a émis un avis favorable à la démolition. Cet avis est signé Philippe Ganion, architecte des bâtiments de France, adjoint au chef du service départemental de l'architecture. Ainsi, le conservateur régional des monuments historiques, J.L. Charpentier, demande que l'on conserve le chalet, et l'architecte des bâtiments de France – qui n'a assurément pas eu Le Même pour maître – accepte qu'on le démolisse. Incohérence de l'administration...
Mais il y a, dans cette affaire, le petit-fils d'Elise Guieu qui se bat pour que l'on conserve, dans le paysage de Combloux, le chalet que sa grand-mère avait demandé à Le Même. Le tribunal administratif lui donnera-t-il raison ? Aura-t-il les moyens de contrecarrer la démolition ? On aura compris que notre sympathie lui est acquise.