Sommaire du journal N°134 - Avril/Mai 2017

Chers lecteurs,

C’est la principale leçon de cette élection présidentielle et des élections législatives qui vont suivre : il y a une grande défiance des citoyens, voire un rejet, vis-à-vis des politiques qui gouvernent le pays depuis des décennies. Et cette défiance est partagée par la plupart des maires que notre journaliste Cathy Trograncic a longuement interviewés à l’occasion de la mi-temps de leurs mandats.

Le maire de Chamonix, Eric Fournier, s’inquiète par exemple de savoir quelle position prendront les responsables nationaux vis-à-vis des collectivités locales et territoriales. «Pour la première fois, dit-il, la Vallée va donner plus d’argent à l’Etat qu’elle n’en reçoit.» Quant à la refonte de la loi Montagne sur laquelle les élus des stations fondaient de grands espoirs, «j’ai l’impression, déplore-t-il, de me retouver en l’an 2000. Il n’y a aucune reconnaissance des spécificités montagnardes.»

Même amertume chez Catherine Jullien-Brèches, maire de Megève, qui voudrait voir réformer le régime fiscal des droits de succession «exorbitants» dans les stations touristiques soumises à la pression foncière. «Tous nos énarques, dit-elle, pensent aujourd’hui encore que la France est un plat pays et ne prennent pas suffisamment en compte les spécificités de nos territoires. Or toutes les lois ne sont pas généralisable ni applicables dans toutes les régions.»

Xavier Roseren, maire des Houches, est, lui, très critique vis-à-vis des députés dont il voudrait limiter «les mandats à deux et non pas à vie. En Haute-Savoie, les six députés sortants LR ont eu l’investiture de leur parti qu’ils aient fait du bon boulot ou non. Il faut que les règles changent.»

Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais, est du même avis avec le langage direct qu’on lui connaît : 

«La déconnection des parlementaires avec la vie locale est avérée. Ce n’est pas en coupant des rubans, à toutes les inaugurations, à n’importe quel lâcher de truites, qu’on apprend à connaître la population. Pendant ce temps on laisse les assistants parlementaires s’occuper des dossiers. Ce n’est pas ma conception d’un élu national.»

Même son de cloche chez Yann Jaccaz, maire de Praz-sur-Arly, qui voudrait moraliser la vie politique. «Nous ne comptons pas les heures. Je suis sur le terrain sept jours sur sept avec de plus en plus de responsabilités pour 2 000 euros en tant que maire. J’en suis à 3 000 avec mes fonctions à l’intercommunalité. A côté de cela, il y a des parlementaires qui vivent dans un système immuable.»

Georges Morand, maire de Sallanches, est aussi radical : «Il faut faire travailler les nouvelles générations et des personnes issues du terrain. Pas des élus sortis des grandes écoles et qui cherchent à s’asseoir dans un fauteuil pour plusieurs décennies.»

Toutes ces critiques sont fondées d’autant plus que l’Etat a multiplié les lois et réglementations contraignantes pour les collectivités locales en laissant les élus se débrouiller sur leur territoire. Un exemple, entre autres : les déserts médicaux. La politique nationale de santé n’a jamais pris les mesures nécessaires pour les éviter. Et ce sont les maires qui se battent sur le terrain pour construire des maisons médicales coûteuses et trouver des médecins. Aux Contamines, où a été construit un cabinet médical pour 250 000 euros, on ne trouve pas de médecin à l’année. «Nous avons lancé des dizaines de petites annonces, déplore le maire Etienne Jacquet. Nous recevons régulièrement des médecins. Mais pour qu’ils acceptent de s’installer, il faut payer le cabinet, le logement, le déménagement... Et certains demandent un salaire ! Ce n’est pas dans nos moyens.» 

Même constat à Megève : «Les habitants se plaignent que les médecins ne se déplacent pas chez eux. L’époque où les docteurs ne rechignaient pas à aller voir les patients en haut d’un coteau avec de la neige jusqu’aux genoux est révolue, constate, un brin amère, Catherine Jullien-Brèches. Pas seulement à Megève, c’est partout.»

 

Ce qu’on retient de ces interviews est que les maires, malgré toutes les difficultés, et parfois les conflits, remplissent leur mandat avec foi et courage. «Mes horaires, dit Etienne Jacquet, avec un peu d’exagération, c’est 5 h du matin 2 h du matin.»

Ils sont en tout cas tous les jours sur le terrain et en contact permanent avec leurs administrés. Pas étonnant que tous les sondages montrent qu’ils sont les élus préférés des Français. Et de loin !

Claude Fouchier

 

 

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