Zizou, conquérant de l’utile

Zinedine Zidane au sommet du mont Blanc. L’ancienne star du ballon rond a symboliquement tiré le but le plus haut d’Europe, pour braquer les projecteurs sur les leucodystrophies.

Les pentes enneigées n’ont jamais été son terrain de prédilection. Mais qu’importe. Pour ELA (l’Association européenne contre les leucodystrophies*), qu’il parraine depuis neuf ans, Zinedine Zidane est prêt à tout. Prêt à monter une cage de goal au sommet du mont Blanc (4 810 m). Prêt à chausser d’autres crampons – ceux des alpinistes – pour tirer un but symbolique depuis le toit de l’Europe et ainsi braquer les projecteurs sur les leucodystrophies, ces terribles maladies génétiques orphelines. Quelques heures après son ascension, samedi 13 juin, l’ancienne star du ballon rond retrouvait son camp de base à Saint-Gervais (la commune étant partenaire de l’opération), où il nous a reçus en toute décontraction pour parler de cette «expédition» pour la bonne cause. Interview.

Quelle est la raison première de cette opération ?
C’est Christian Jeanpierre [NDLR : le présentateur de Téléfoot, sur TF1] qui a eu l’idée de monter cette cage de foot là-haut mais aussi de faire flotter le drapeau rouge d’ELA sur le toit de l’Europe. J’ai spontanément accepté car la symbolique est forte, à l’image du combat que l’association mène contre la maladie.

Il y a aussi cette idée de se dépasser, de vouloir sans cesse aller plus haut...
Quand je jouais, c’était effectivement ma philosophie tous les week-ends. Mais lorsque l’on regarde la cause défendue par ELA, on passe dans une autre dimension. La montagne n’est pas mon élément premier, mais le fait d’avoir réalisé cette ascension m’a fait un peu ressentir tout ce qu’endurent au quotidien les familles concernées par cette foutue maladie.

Comment avez-vous vécu cette montée au mont Blanc ? L’effort n’a pas été trop violent ?
C’était un peu dur. Pas forcément au niveau cardio, car j’essaie de continuer à m’entraîner régulièrement. Mais il y avait d’autres paramètres moins évidents : le froid, le vent, le mal de tête. Quand vous dépassez les 4 500 m, vous n’avez pas trop l’habitude, cela surprend un peu. Mais moi, mon seul objectif c’était d’aller là-haut, pour toutes les familles. Et ce but marqué à 4 810 m est un des plus beaux à mes yeux, car il me permet de parler d’une cause très importante.

Qu’avez-vous éprouvé en foulant le sommet ?
Même si à la base je ne suis pas un montagnard, j’ai apprécié. J’étais très heureux, tout comme mes cinq compagnons de cordée. Cette opération a pu se dérouler dans les meilleures conditions possibles grâce à la mobilisation de nombreuses personnes, les guides de haute montagne, la mairie de Saint-Gervais... Tout le monde a joué le jeu. Quand nous sommes arrivés au sommet, nous étions fiers. Nous nous sommes tapé dans la main, en éprouvant une sensation de liberté totale. Là-haut il n’y avait pas un bruit. Pendant trois jours nous avons vécu une aventure intense, que nous avons pu partager, par procuration, avec la famille d’Azylis, la petite princesse. Elle était avec nous à la Ferme de Cupelin, avec ses parents, son grand-frère.  

Allez-vous demander à vos «patrons» du Real de Madrid [NDLR : Zidane est depuis peu devenu conseiller du nouveau président, Florentino Perez] de mettre la main au portefeuille pour ELA ?
Pourquoi pas. Cela se discutera. Tant que la maladie est là, le combat continue. Nous pouvons toujours faire plus. Avec moi, avec d’autres. Une chose est certaine : nous n’allons pas nous arrêter là.

* ELA
ELA est l’Association européenne contre les leucodystrophies, ces maladies génétiques orphelines et évolutives. Elles détruisent la myéline, gaine des nerfs, du système nerveux central en paralysant progressivement toutes les fonctions vitales.
Coordonnées :
BP 61024, 54521 Laxou Cedex
Tél. 03 83 30 93 34
Site internet : www.ela-asso.com

Photos : P. Tournaire / Mairie de Saint-Gervais / ELA - S. Cosson / Mairie de Saint-Gervais / ELA - P. Tournaire / Mairie de Saint-Gervais / ELA