Protection de l’atmosphère : entre le chaud et le froid

Alors que bon nombre d’associations environnementales regrettent l’abandon par le gouvernement de l’écotaxe, elles se sont félicitées de la possible interdiction des camions Euros 3 en transit dans la vallée de l’Arve. Une interdiction toutefois temporaire – durant la saison hivernale – lorsque les conditions atmosphériques et la qualité de l’air le nécessiteront (dépassement du seuil légal de particules en suspension, les tristement célèbres PM10). Cette décision a été annoncée au début du mois de juin par le préfet de Haute-Savoie, en présence des membres de la commission de suivi du Plan de protection de l’atmosphère (PPA). Ce comité comprend quatre collèges : les services de l’Etat, les collectivités locales, les secteurs de l’industrie et du transport et, bien sûr, les associations, toujours vigilantes et promptes à appuyer là où ça fait mal.

Ainsi Anne Lassman-Trappier, présidente du collectif Environn’MontBlanc, à l’initiative de la campagne Inspire (cf. nos numéros précédents), a remis au sous-préfet une lettre-pétition demandant l’application de 5 mesures prioritaires*, paraphée par près de 10 000 signataires ! Dans un pays du Mont-Blanc qui compte quelque 60 000 habitants, cela montre l’ampleur de la mobilisation pour une meilleure qualité de l’air. Plus de 2 000 signataires sont même allés plus loin, en ajoutant un commentaire expliquant les raisons de leur soutien pour ces mesures d’amélioration de la qualité de l’air.

Depuis le lancement de la pétition, en septembre 2013, le préfet et le sous-préfet de Haute-Savoie recevaient plusieurs messages hebdomadaires, directement dans leurs boîtes mails, leur faisant état de l’avancement de la collecte des signatures. Tous deux étaient donc témoins, depuis de longs mois, de l’accroissement de la pression populaire pour la mise en place de mesures prévues par le Plan de protection de l’atmosphère. Ce sont les inlassables actions mises en place ou co-organisées par la campagne Inspire qui ont permis de récolter ces signatures : distribution de tracts sur les marchés et ailleurs, flashs mobs, rassemblements à vélo, réunions d’information, montée du viaduc, grande manifestation contre la pollution de l’air, etc. De plus, les films de sensibilisation créés par Inspire ont été vus 8 000 fois et ont permis une présence continue de la campagne sur Internet et les réseaux sociaux.

Et Anne Lassman-Trappier, présidente d’Environn’MontBlanc, de se réjouir. «Nombreux étaient les gens qui s’inquiétaient en silence et qui ne savaient pas vers qui se tourner pour faire connaître leur désir d’action en faveur de la qualité de l’air. La réussite de la pétition et des événements mis en place depuis huit mois ont montré au grand jour que la pollution de l’air est un problème primordial pour une grande partie des habitants du pays du Mont-Blanc.»

Du côté des élus, l’annonce des autorités préfectorales concernant les Euros 3 a été accueillie favorablement, même si beaucoup de chemin reste à parcourir avant que l’Etat se saisisse, enfin, à bras-le-corps de cette problématique. «Cela fait des mois, et même des années, que nous soulignons l’insuffisance du volet transport du PPA depuis le courrier au préfet de la Haute-Savoie du 6 avril 2011 qui préconisait déjà des mesures fortes de régulation du trafic de poids lourds sur l’axe routier transfrontalier», rappelle Eric Fournier, le maire de Chamonix et président de la Communauté de communes de la vallée de Chamonix Mont-Blanc. «Nos interpellations successives auront fini par porter leurs fruits, y compris la rencontre organisée ce 11 février 2014 avec le conseiller transports de l’Elysée et je tiens à remercier l’autorité préfectorale qui a su prendre la mesure de l’urgence sanitaire en prenant cette décision claire et efficace de suspension de la circulation des poids lourds les plus polluants en transit.» Et Eric Fournier de rappeler que «cette mesure de restriction s’inscrit pleinement dans un combat permanent et multi-opérationnel contre la pollution de l’air et le réchauffement climatique ; combat qui concerne le plus grand nombre».

* Les 5 mesures prioritaires demandées :

1 – Charger les camions les plus polluants (Euros 3) sur l’autoroute ferroviaire alpine pendant les mois d’hiver ;

2 – Diffuser des informations auprès des citoyens sur les pics de pollution ;

3 – Lancer une campagne d’information pour réduire l’utilisation des cheminées à foyer ouvert ;

4 – Créer des parkings et des points d’arrêt pour le covoiturage ;

5 – Favoriser l’utilisation du vélo comme mode de déplacement.

Photo Pascal Tournaire