« Oui, Monsieur le Président, il FAUT ouvrir les stations à Noël »
Elus, présidents de collectivités locales et acteurs de la montagne ont plus que jamais joué la carte de la cordée pour plaider la nécessaire ouverture des stations pour Noël. Voici leur tribune.
Les professionnels du ski sont bien sûr responsables et conscients du contexte sanitaire, mais ils ne sont pas résignés car l’enjeu de Noël est majeur pour la montagne et parce qu’ils se sont mis tous ensemble en ordre de marche pour pouvoir ouvrir les stations, en offrant aux vacanciers les meilleures conditions de sécurité sanitaire. Ils se battent parce qu’il s’agit d’un enjeu économique et social majeur pour une filière qui représente plus de 11 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, 2 milliards d’euros d’exportations, 400 millions d’euros d’investissements ; une activité qui fait vivre un tissu d’entreprises locales, qui emploie plus de 120 000 personnes dans des territoires dont l’économie locale repose souvent pour l’essentiel sur ce secteur.
Ils se battent parce que les vacances de Noël représentent entre 20% et 25% des recettes d’une saison qui ne se déroule que sur à peine plus de quatre mois dans l’année, pour la très grande majorité des sites, et donc pour laquelle chaque semaine compte.
Après une année 2020 très fragilisée par la fermeture brutale des domaines skiables en mars dernier, la non-ouverture des stations compromettrait gravement une saison qui s’annonce d’ores et déjà très difficile, puisqu’on prévoit une chute de 30% au moins de la fréquentation, en raison notamment du recul de la clientèle étrangère. Dans ce contexte, certains hébergeurs envisagent de ne pas ouvrir leurs établissements cette année, par crainte de ne pouvoir amortir leurs coûts sur le reste de la saison, avec toutes les conséquences qui en résulteraient pour l’écosystème.
Protocole sanitaire renforcé
Une station repose sur un collectif composé de partenaires publics (élus locaux, maire, conseillers départementaux et régionaux, sapeurs-pompiers, gendarmes…) et privés (exploitants de remontées mécaniques, moniteurs, hébergeurs, restaurateurs, supérettes, locations de ski, personnels médicaux, commerçants, exploitants de salles de spectacles…).
C’est la coordination entre l’ensemble de ces acteurs qui garantit un bon fonctionnement de la station, en faisant souvent abstraction de ce qui relève du domaine public ou privé. En effet, les recettes privées contribuent dans d’importantes proportions au financement public à travers la fiscalité, tandis que les pouvoirs publics investissent massivement pour l’entretien et la modernisation du domaine et font vivre les PME locales, garantissant un niveau d’emploi important.
Dans un élan collectif sans précédent, conscients de l’interdépendance des activités en station, les élus des stations, des régions, des départements, les parlementaires et les professionnels concernés (exploitants de domaine skiable, hébergeurs, écoles de ski, commerçants…) ainsi que leurs salariés se sont mobilisés, en étroite concertation avec les pouvoirs publics, pour mettre en œuvre des protocoles sanitaires complets et inédits. Ainsi sur les domaines skiables – dont il faut souligner qu’ils constituent de grands espaces aérés – le port du masque sera obligatoire à bord des remontées, dans les files d’attente – qui seront organisées – et dans tous les bâtiments (gares, points de vente, services…) ; les règles de distanciation seront imposées dans toutes les files d’attente et les lieux de regroupement… Les conditions d’exploitation seront bien sûr adaptées et la vente de forfaits en ligne sera facilitée.
Bien sûr, nous ne demandons pas de dérogation par rapport aux mesures prises au niveau national (restaurants, bars, discothèques). En revanche, les hébergeurs se sont organisés pour offrir les prestations de restauration à leurs résidents en toute sécurité (strict respect des règles de distanciation, même table attribuée à chaque client pour la durée du séjour…).
Il y a, en réalité, dans une station, les mêmes risques que dans n’importe quelle ville – 70% de la clientèle réside dans des appartements individuels – et il serait incompréhensible d’ouvrir au public des lieux fermés (théâtres, cinémas, musées…) alors qu’on interdirait les activités de plein air. Ce n’est vraisemblablement pas le choix de la Suisse, nos amis et concurrents, pour qui cette économie est aussi cruciale !
Capacités de tests déployées
Parallèlement – et c’est essentiel – sous l’égide des maires et en étroite corrélation avec les autorités préfectorales, les stations sont en train de se doter d’une capacité importante de tests qui pourraient être effectués dans de bonnes conditions de rapidité et de fiabilité. Ces centres de dépistage, pour lesquels un protocole de dépistage a d’ores et déjà été soumis aux autorités gouvernementales, auront vocation à tester tous les travailleurs des stations, publics comme privés, tous les 15 jours pendant la saison d’hiver. Cela permettra d’avoir une vision très fine de l’évolution de la situation et d’isoler encore plus rapidement ceux qui en auraient besoin. Des logements sont également prévus pour satisfaire à cette exigence.
S’agissant du risque de saturation supplémentaire des hôpitaux susceptible d’être généré par les accidents de ski, il doit faire l’objet d’une attention prioritaire, cela va de soi. Il faudra bien sûr apprécier l’évolution de la situation au cours des toutes prochaines semaines, mais il convient de ne pas non plus le surestimer : la très grande majorité des blessés sont traités en ambulatoire par les cabinets médicaux, les hôpitaux locaux sont le plus souvent un point de passage pour orienter les patients vers leur destination d’origine et il est extrêmement rare que les services de réanimation soient sollicités, enfin un recours à d’autres établissements sanitaires s’organise (cliniques, centres de soins, etc.).
Ne pas sacrifier les emplois
On le voit, il n’y a aucune raison crédible à ne pas ouvrir la saison de ski dès les vacances de Noël. Toutes les parties prenantes se sont préparées à l’ouverture, les stations sont prêtes et les équipes sont embauchées. Les professionnels ont tenu le plus grand compte de la crise sanitaire que nous traversons, d’abord par civisme, mais aussi parce que c’est leur intérêt bien compris d’offrir aux visiteurs un environnement qui les rassure et leur permette de passer des vacances en toute sérénité.
Ils comprennent qu’eu égard au contexte, des décisions d’ouverture ne puissent pas encore être prises et à cet égard l’évolution des prochaines semaines sera décisive, il ne faut pas se précipiter, une décision mi-décembre permettrait encore de démarrer la saison dans de bonnes conditions.
Alors que la saison est courte et que les clients étrangers seront probablement absents, ne pas ouvrir à Noël, c’est déjà sacrifier la saison, et avec elle et à court terme, des milliers d’entreprises et d’emplois.
Les signataires
Élus : Jeanine Dubié, députée des Hautes-Pyrénées (2e circonscription) et présidente de l’ANEM ; Pascale Boyer, députée des Hautes-Alpes (1re circonscription) et secrétaire générale de l’ANEM ; Jean-Pierre Vigier, député de la Haute-Loire (2e circonscription) et vice-président de l’ANEM ; Marie-Noëlle Battistel, députée de l’Isère (4e circonscription) et ancienne présidente de l’ANEM ; Annie Genevard, députée du Doubs (5e circonscription), 1re vice-présidente de l’Assemblée nationale et ancienne présidente de l’ANEM ; Vincent Descoeur, député du Cantal (1re circonscription) et ancien président de l’ANEM ; Martial Saddier, député de la Haute-Savoie et ancien président de l’ANEM ; Philippe Sueur, maire d’Enghien et président de l’ANETT ; Jean-Luc Boch, maire de La Plagne-Tarentaise et président de l’ANMSM
Parlementaires : Damien Abad, député de l’Ain (5e circonscription) ; Jean-Félix Acquaviva, député de la Haute-Corse (2e circonscription) ; Emmanuelle Anthoine, députée de la Drôme (4e circonscription) ; Viviane Artigalas, sénatrice des Hautes-Pyrénées ; Thibault Bazin, député de Meurthe-et-Moselle (4e circonscription) ; Emilie Bonnivard, députée de la Savoie (3e circonscription) ; Jean-Yves Bony, député du Cantal (2e circonscription) ; Claire Bouchet, députée des Hautes-Alpes (2e circonscription) ; Hussein Bourgi, sénateur de l’Hérault ; Jean-Marc Boyer, sénateur du Puy-de-Dôme ; Danielle Brulebois, députée du Jura (1re circonscription) ; Fabrice Brun, député de l’Ardèche (3e circonscription) ; Maryse Carrère, sénatrice des Hautes-Pyrénées ; Michel Castellani, député de la Haute-Corse (1re circonscription) ; Jacques Cattin, député du Haut-Rhin (2e circonscription) ; Marie-Christine Chauvin, sénateur du Jura ; Dino Cinieri, député de la Loire (4e circonscription) ; Paul-André Colombani, député de la Corse-du-Sud (2e circonscription) ; Marie-Christine Dalloz, députée du Jura (2e circonscription) ; Loïc Dombreval, député des Alpes-Maritimes (2e circonscription) ; Virginie Duby-Muller, députée de la Haute-Savoie (4e circonscription) ; Laurence Gayte, députée des Pyrénées-Orientales (3e circonscription) ; Philippe Huppé, député de l’Hérault (5e circonscription) ; Catherine Kamowski, députée de l’Isère (5e circonscription) ; Frédérique Lardet, députée de la Haute-Savoie (2e circonscription) ; Jean Lassalle, député des Pyrénées-Atlantiques (4e circonscription) ; Marion Lenne, députée de la Haute-Savoie (5e circonscription) ; Stéphane Mazars, député de l’Aveyron (1re circonscription) ; Pierre Médevielle, sénateur de la Haute-Garonne ; Christophe Naegelen, député des Vosges (3e circonscription) ; Sylviane NOEL, sénatrice de la Savoie ; Eric Pauget, député des Alpes-Maritimes (7e circonscription) ; Bernard Perrut, député du Rhône (9e circonscription) ; Sylvia Pinel, députée du Tarn-et-Garonne (2e circonscription), ancien ministre du Tourisme ; Véronique Riotton, députée de la Haute-Savoie (1re circonscription) ; Vincent Rolland, député de la Savoie (2e circonscription) ; Michel Savin, sénateur de l’Isère ; Raphaël Schellenberger, député du Haut-Rhin (4e circonscription) ; Jean-Bernard Sempastous, député des Hautes-Pyrénées (1re circonscription) ; Jean-Marie Sermier, député du Jura (3e circonscription) ; Jean Sol, sénateur des Pyrénées-Orientales ; Michèle Tabarot, députée des Alpes-Maritimes (9e circonscription) ; Huguette Tiegna, députée du Lot (2e circonscription) ; Cedric Vial, sénateur de la Savoie ; Arnaud Viala, député de l’Aveyron (3e circonscription) ; Michèle Victory, députée de l’Ardèche (2e circonscription)
Présidents de régions : Carole Delga, présidente de la région Occitanie-Pyrénées-Méditerranée ; Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur - Sud et président de Régions de France ; Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ancien président de l’ANEM
Présidents de départements : Jean-Pierre Barbier, président du département de l’Isère ; Jean-Marie Bernard, président du département des Hautes-Alpes ; Hervé Gaymard, président du département de la Savoie ; Charles Ange Ginesy, président du département des Alpes-Maritimes ; Jean-Jacques Lasserre, président du département des Pyrénées-Atlantiques ; Hermeline Malherbe, présidente du département des Pyrénées-Orientales ; Georges Meric, président du département de la Haute-Garonne ; Christian Monteil, président du département de la Haute-Savoie ; Michel Pelieu, président du département des Hautes-Pyrénées ; Christine Tequi, présidente du département de l’Ariège
Organismes : Association nationale des élus de la montagne (ANEM), Association nationale des élus des territoires touristiques (ANETT), Association nationale des maires de stations de montagne (ANMSM), Domaines skiables de France (DSF), Syndicat national des moniteurs du ski français (SNMSF), Syndicat national des résidences de tourisme (SNRT), Union sport et cycle (USC), Union nationale des associations de tourisme et de plein air (UNAT); Force Ouvrière – branche des remontées mécaniques et domaines skiables (FO-RMDS), Compagnie des Alpes, Club Med, Pierre et Vacances, MMV, Belambra, VVF.
Quelques chiffres clés
350 stations en France
120 000 emplois directs dépendants de l’ouverture des stations de ski
Chiffre d’affaires : 11 milliards d’euros (source France Montagnes)
Impact du 1er confinement : perte de recettes de 15 à 20 %