Marie-Jo et Pierre Trappier, piliers de la vie houcharde

Ils sont partis, soudés pour l’éternité. Couple emblématique, véritables piliers de la vie houcharde, Pierre et Marie-Jo Trappier ont laissé un vide immense dans leur cher village. Un village meurtri, depuis cette tragique sortie en montagne du 15 mars, qui a vu la cordée disparaître, piégée par une plaque «sous le vent», dans le secteur des Rognes, un jardin que Pierre, skieur et montagnard émérite, connaissait comme sa poche. «C’est un sacré coup du destin, reconnaît Anne, la fille aînée. Souvent, papa faisait la trace et maman suivait à distance.» Sa sœur Christine embraie. «Bien sûr, nous aurions aimé qu’ils nous quittent un peu plus tard. Mais là ils sont partis tous les deux. Ensemble. C’est une "belle" mort d’une certaine façon. D’autant que papa n’aurait jamais supporté la disparition de maman.» Maman, Marie-Jo, Mama Jo, femme de cœur et de conviction. Militante dans l’âme, membre de l’ARSMB et présidente du CPVH (Comité de préservation du village des Houches*), elle a œuvré sans relâche pour que la vallée vive mieux, respire mieux. «Elle s’investissait sans compter dans le milieu associatif, précise Anne. Et elle trouvait encore le temps de filer un coup de main pour l’administration et les comptes de l’entreprise familiale.» Une SARL d’une quinzaine de personnes, qui n’a eu de cesse de disséminer ses chalets robustes aux quatre coins du Pays du Mont-Blanc. «Il y en a entre 300 et 400 entre Chamonix, Les Houches, Megève et quelques autres localités. C’est du sur-mesure, de l’artisanat au sens noble du terme.» Une petite visite dans la demeure «historique», résidence du couple, que Pierre avait entièrement bâtie de ses mains, en 1968, permet de se rendre compte de la qualité de la construction. «Papa aimait le travail bien fait, souligne Christine. C’était un autodidacte pur jus. Le bois était sa passion, au même titre que la montagne.» La montagne, «sa» montagne, celle que l’on voit par la fenêtre du salon, qui offre un panoramique d’exception sur ce secteur allant de l’Aiguille du Goûter au Grand Béchard, en passant par les Rognes. Un terrain de jeu arpenté sans relâche par Pierre, qui a d’ailleurs donné son nom à un redoutable couloir, connu de tous les amateurs de pente raide. Lors des 70 ans de «Papou», célébrés le 11 mars, ses proches avaient, en secret, pris l’engagement d’aller prochainement descendre avec lui ce fameux «couloir Trappier». Une surprise qui n’aura jamais lieu... En ce samedi 15 mars, une maudite plaque à vent en a malheureusement décidé autrement.

* Malgré la disparition de sa figure de proue, le CPVH continue le combat. Pour tout renseignement, vous pouvez appeler le 0 870 444 923 ou envoyer un courriel à «cristallin@btopenworld.com».