Loisirs - N°112 - Août/Septembre 2013

A la découverte du «p’tit train» du parc thermal

 

Avec plus de 22 000 voyageurs transportés en 2012, le circuit ferroviaire du Fayet reste le réseau – miniature – le plus dynamique de France.

«Tout gamin, mon meilleur copain, c’était le fils du chef de gare de Lépin-le-Lac, en Savoie», se souvient Laurent Sucher. Une passion ferroviaire que ce quadragénaire a gardée chevillée au corps, lui qui a appris le métier sur la voie touristique du Montenvers, avant de passer à «l’infra» (entretien de la voie) sur le tracé du Mont-Blanc Express et de conduire des machines depuis quatre ans – il est notamment en charge du déneigement.

Mais Laurent Sucher – qui a élu domicile... à la gare des Houches, avec femme et enfants (trois) – ne se contente pas de mener des convois grandeur nature, il s’assied également derrière les manettes de – gros – modèles réduits, ceux qui font le bonheur des visiteurs du circuit du parc thermal du Fayet. Pas moins de 22 000 voyageurs ont fréquenté la ligne l’an dernier. Un joli succès dû au dévouement de la vingtaine de bénévoles qui œuvrent au sein de l’APTPT (Amicale du petit train du parc thermal) dont l’ami «Chocolat» [NDLR : un surnom tenace, hérité de ses années sur les pistes de la Flégère] est le président. Rencontre.

 

L’APTPT célébrera l’année prochaine son dixième anniversaire. Comment cette belle aventure a-t-elle commencé ?

Cette amicale a été créée par l’Ecossais Michael Farmer (aujourd’hui décédé), qui résidait à Saint-Gervais. Son rêve était de faire rouler un petit train avec des enfants. Il a tout financé au départ. Il voulait une attraction accessible à tous. Il n’y a donc pas de billet. Chacun donne ce qu’il veut ou peut. Et nous nous attachons à faire perdurer cette philosophie. 

De quel type de machines disposez-vous ?

Au départ, il n’y avait qu’une seule locomotive à vapeur. Mais aujourd’hui, notre parc est beaucoup plus étoffé avec trois types d’engins : à vapeur, électriques ou thermiques. Notre objectif, à terme, est de tout passer au thermique, à la fois pour préserver l’environnement mais aussi pour éviter les nuisances sonores. Nous sommes également en train de travailler sur un prototype solaire.

Comment avez-vous choisi vos modèles ?

Nous avons opté pour toutes les machines qui roulent – ou ont roulé – au Pays du Mont-Blanc. Dans les vapeurs, il y a la Nine et Picachu. Nous avons une rame Mont-Blanc Express et un des premiers engins qui circulaient à Chamonix du temps du PLM (la EDF Z200). Il y a aussi la GE44204, une locomotive suisse qui officiait sur Brigue. Nous n’avons pas la prétention de dire qu’il s’agit de répliques exactes. Mais elles s’apparentent aux modèles originaux, en étant surtout très robustes.

Avez-vous construit tous ces engins de vos propres mains ?

Certains ont été achetés, notamment les modèles vapeur. Pour l’association, j’ai moi-même fabriqué une dizaine de machines. La ferronnerie, la mécanique, l’usinage, c’est mon métier de base. Donc, je connais. Après il faut récupérer de la ferraille à droite et à gauche. Je m’approvisionne essentiellement auprès de la métallerie du Mont-Blanc et de différents garages, qui me font don de pièces diverses. Construire ces petits trains est une passion dévorante. J’y consacre entre huit et trente heures par semaine, essentiellement dans mon atelier aux Houches. En ce moment je travaille sur un nouveau modèle – secret – qui devrait me prendre deux ou trois ans. Mais d’autres membres de l’association mettent également la main à la pâte, comme Geoffrey (Arrius) qui va attaquer son premier train.

Quelle est la valeur de ces beaux «joujoux» ?

Le prix de la passion. Donc, ce n’est pas chiffrable. Certains valent leur pesant d’or – le montant d’une petite voiture, voire plus – mais nous ne sommes pas dans ces considérations car notre activité reste amateur, dans un esprit bon enfant et familial. Nous ne jouons pas dans la même cour que le Swiss Vapeur Parc au Bouveret (à côté de Saint-Gingolph). C’est une entreprise privée et commerciale avec laquelle nous entretenons de très bons rapports. Nous nous rendons d’ailleurs chez eux chaque année avec une de nos machines lors d’un festival qui a lieu courant juin.

Comment y emmenez-vous les rames ?

En camionnette. Certaines locomotives pèsent 250 kg mais les plus lourdes font quand même une tonne ! C’est forcément délicat. De toute façon, même s’il s’agit de modèles réduits, il faut toujours rester prudent. Toutes les machines sont bridées. Il m’est arrivé de faire des essais à 20 km/h. Mais en moyenne la vitesse maximum ne dépasse par les 7 à 8 km/h.

Chez vous,  pas de grève ou d’interruption de trafic...

En France, nous sommes le réseau miniature qui fonctionne le plus grand nombre de jours par an et qui véhicule le plus de voyageurs. En 2011 ils étaient 26 000 et en 2012, 22 000. Grâce aux dons des personnes transportées et à la subvention de la mairie de Saint-Gervais (qui nous met également le site à disposition), nous pouvons financer l’achat de matériel et l’entretien de notre circuit, qui fait 500 mètres de long. Les voies de 7 pouces  (soit 184,5 mm) sont d’anciens rails de culture maraîchère que nous avons récupérés et dont nous avons réduit l’écartement.

Quelles sont vos ambitions pour l’avenir ?

En interne, nous avons déjà planché sur des projets d’extension. Nous aimerions agrandir le circuit d’environ 200 mètres en direction des Thermes mais également développer un itinéraire à crémaillère pour aller chercher les visiteurs à l’entrée du parc. Mais cela se fera évidemment en concertation avec la mairie et la direction de l’établissement thermal.»

 

Le petit train est opérationnel de Pâques à la Toussaint.

Ouverture les mercredis, samedis et dimanches après-midi ainsi que les jours fériés. Groupes et écoles sur demande.

Blog de l’association : 

http://aptpt.blog4ever.com

 

 

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