Pays du mont Blanc - N°132 - Décembre/Janvier 2016

Pour un urbanisme respectueux du milieu – Loi ALUR : les élus et les associations montent au créneau

«La loi Montagne va-t-elle – en matière d’urbanisme – accoucher d’une souris ?», c’est en ces termes que plusieurs élus de montagne* sont passés à l’offensive, pour dénoncer les dérives de la loi ALUR. «Elle est inadaptée au contexte montagnard», disent-ils, au regard des nombreuses dérives constatées, au quotidien, dans son application. Et notamment en raison de l’article 157 qui favorise la construction, en supprimant le coefficient d’occupation des sols et la dimension minimum du terrain. Si cette disposition répond légitimement au souci de construire davantage dans les zones urbaines et ainsi répondre à la crise du logement, principalement en région parisienne, le texte a été adopté sans référence aux dispositifs prévus pour la défense de l’environnement (notamment la loi Montagne ou la loi Littoral). Et il est donc paradoxal que ce soit «une loi à vocation sociale qui facilite l’implantation géographique d’une riche clientèle extérieure en des endroits jusque-là inconstructibles pour la défense de l’environnement ou soumis à des règles organisant un urbanisme respectueux du cadre environnemental et paysager». Voilà pourquoi plusieurs maires de stations de montagne – relayés par les associations de résidents (voir ci-dessous) – demandent que la nouvelle loi Montagne corrige ces effets néfastes de la loi ALUR (chalets gigantesques, doublement des dépôts de permis...), en intégrant une mesure de protection. Ils invitent tous leurs collègues confrontés à ce péril à les soutenir pour défendre un «urbanisme respectueux du milieu».

* Pierre Balme, maire de Venosc - les 2-Alpes (38), Éric Fournier, maire de Chamonix-Mont-Blanc (74), Michel Giraudy, maire de Bourg-Saint-Maurice (73), André Périllat-Amédé, maire du Grand-Bornand (74), André Vittoz, maire de La Clusaz (74)


31 000 € le m2 à Gstaad !

Le luxe à la montagne ne connaît pas la crise. Selon l’étude publiée par le réseau Knight Frank, les tarifs moyens sont repartis à la hausse un peu partout dans les Alpes. Et c’est dans la très jet-set station suisse de Gstaad que le bond est le plus spectaculaire avec + 13,3 %. Ce qui y donne un prix médian au m2 de 31 000 € ! Pas à la portée de toutes les bourses. Côté français, là aussi le marché a repris du poil de la bête* avec des hausses de 3 à 6 % en moyenne, comme à Chamonix, Courchevel, Val d’Isère ou encore Saint-Gervais, la montée en gamme des stations n’étant pas étrangère à ce regain d’attractivité. Ce que n’a pas manqué de constater Athena Advisers – un cabinet de conseil en investissement et de vente de biens immobiliers en France et à l’international – notant une hausse d’intérêt de la clientèle étrangère pour les stations françaises (de 15,63 % en 2012 à 21,80 % en 2015), une situation qui devrait encore s’accentuer pour 2016-2017. Selon Athena Advisers, Brexit oblige, on devrait toutefois noter un recul des investissements britanniques (notamment pour les biens de plus de 500 000 €), même s’ils continuent à se tailler la part du lion (90 % de la clientèle internationale).

* Les tarifs médians en montagne, en Haute-Savoie, tournent autour de 5 765 € / m2 pour les appartements et de plus de 9 100 € / m2 pour les chalets. Ces tarifs étant évidemment des plus fluctuants, compte tenu de la situation géographique des biens, de leur état et des prestations proposées.


Des contraintes géographiques face à plus de constructions

Dans le dernier Observatoire départemental le chapitre sur l’habitat et les constructions fait un parallèle logique entre la dynamique démographique de la Haute-Savoie et le nombre de constructions nouvelles de logements. Les chiffres donnés sont de 32 389 logements mis en chantier entre 2010 et 2014 soit une augmentation de la population de 5,7 % et de nouveaux logements à 7,7 %. Il est aussi mis en exergue une densité de l’espace utile qui est de 385 habitants au km2 ; cette densité atteint 775 hab/km2 à Chamonix mais surtout 8 720 hab/km2 à Annemasse. Pour l’Observatoire, si la géographie du département est très contrainte, elle attire néanmoins du monde dont une large part d’étrangers ; ainsi en Rhône-Alpes 55 % des résidences secondaires appartenant à des étrangers se situent en Haute-Savoie. Dans des cantons de montagne comme celui de Chamonix, environ 25 % des propriétés appartiennent à des étrangers. Un pourcentage que l’on retrouve dans des villes frontalières avec la Suisse et sur les bords de lacs.

 

 

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