Pays du mont Blanc - N°98 - Avril/Mai 2011

J.-P. Gay - Adieu Monsieur le professeur…

Disparition de Jean-Paul Gay, écrivain et amoureux du patrimoine.

mb98-3a.jpgUne éponge. C’est volontiers de cette façon que se présentait Jean-Paul Gay. Une éponge. Pour s’imprégner des gens, des choses, des lieux, des couleurs, des odeurs. Et ainsi les restituer, de bien belle façon, avec un réel talent d’écriture. Un talent malheureusement trop tôt avorté. A seulement 62 ans, Jean-Paul Gay nous a quittés, emporté par une longue maladie. Une disparition brutale qui a été douloureusement ressentie dans tout le Val Montjoie et au-delà. «Quand je suis dans une phase d’écriture, je marche beaucoup, je fais du vélo, nous racontait-il. Et pendant ce temps, ça cogite. Je m’aperçois que je ne voyage pas beaucoup mais je n’en ressens pas le besoin car je suis toujours émerveillé de vivre au pays du Mont-Blanc. J’aurais beaucoup de mal à décrire des lieux que je ne connais pas.» Inenvisageable donc que cet enfant du cru – il était né à Chamonix – se soit un jour lancé dans le polar urbain. Non, lui, ce qu’il aimait c’était raconter des histoires d’ici. Des récits dans lesquels la dimension historique était importante – normal pour un guide du patrimoine – sans être vampirisante. «Même si je suis très pointilleux, j’écris vraiment pour faire passer un bon moment aux gens. Un roman repose avant tout sur une intrigue. Il doit embarquer le lecteur et le tenir par la main pendant 250 pages.» C’est ce que Jean-Paul Gay s’est attelé à faire dans ses deux œuvres fictionnelles (Le neveu de Gaspard, sur les aventures d’un colporteur savoyard, et La ligne bleue, qui traite de la difficulté de se réinsérer après une guerre). Deux récits qui ont trouvé leur lectorat, même si au départ, l’«instit’ de Saint-Gervais» – il a tenu les rênes d’une classe unique au Gollet pendant 35 ans – ne se voyait pas en romancier. «J’écrivais uniquement dans des revues – dont En Coutère – jusqu’à ce que je sois confronté à une année scolaire très difficile. Je me suis dit que j’allais exploser en vol si je n’avais pas de dérivatif. Les histoires de mon colporteur m’ont aidé à passer le cap.» Depuis sa retraite, l’écriture et le patrimoine étaient devenus l’épine dorsale de Jean-Paul Gay, avec notamment à son actif la rédaction d’un magnifique ouvrage sur le thermalisme. Féru d’art et d’histoire, il œuvrait également sans cesse à l’amélioration de ce chemin du baroque, dont il était le créateur. Un chemin aujourd’hui orphelin.
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